Les articles Terre de Touraine et l'Aurore Paysanne sur le rapport de l'’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST), rendu public le jeudi 16 mai 2019, intitulé « Évaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance ».
Lien vers le rapport provisoire du 2 mai (repris le 16 mai en définitif) : lien
La synthèse : lien
L'article du 24 mai 2019 page 5 : La qualité des agences confirmée : lire ci-dessous.
L'article du 7 juin 2019 : à télécharger en bas de page
La qualité des agences confirmée
Phytosanitaires/ Le rapport des députés et sénateurs évaluent le travail des agences sanitaires ne va pas dans le sens alarmiste et anti-glyphosate. Ce qui explique qu’il soit très peu repris par les médias.
Par Jean-Yves Chauveau
Le rapport « Évaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance » de l’OPECST1 est public depuis le 16 mai. Il avait été lancé en 2017/2018, lors de la controverse sur le glyphosate. Il s’attache à analyser les leviers de perfectionnement des agences pour leur redonner du crédit et de la légitimité aux yeux de la société.
Pour les parlementaires, il apparaît ainsi essentiel de renforcer les capacités d’évaluation des risques réglementés par les agences. Ce, via notamment un fonds de recherche inter-agences permettant de commander des études, de développer des instruments de surveillance en situation réelle des effets des produits réglementés, de mettre en commun des systèmes d’information partagés.
Le rapport ne remet pas en cause la qualité des expertises actuelles ; il propose de les améliorer, notamment dans la transparence et la compréhension pour le grand public. Il recommande aussi de conforter les agences dans leur rôle d’expertises, en renforçant l’attractivité pour les scientifiques. Par ailleurs, il suggère de structurer le dialogue entre organes d’évaluation, pour éviter les divergences d’appréciation sur les risques.
Glyphosate
Sur 200 pages du rapport, 12 sont consacrées au glyphosate. Non pour produire une expertise sur le produit mais pour rappeler les différentes étapes d’homologation et, plus particulièrement, le fonctionnement du CIRC et de le l’ESFA (l’agence européenne). Le rapport explique que le CIRC a travaillé sur un nombre d’études sur les rats et souris moins large (6) que l’ESFA (14). Il rappelle que le CIRC n’a pas pris en compte l’étude américaine sur un grand nombre d’individus. Celle-ci dédouane le glyphosate. Mais sa version définitive n’avait été connue trop tardivement. Il évoque l’intervention contestée en tant qu’expert associé au CIRC de l’Américain Christophe Potier(2) mais, prudent, n’évoque pas ses actions militantes.
A propos des « Monsanto Papers », le rapport résume les réponses, très argumentées, des agences qui démontaient les accusations de plagiat des militants anti-glyphosate. En résumé, les experts savaient d’où venaient ces études et les ont examinées avec professionnalisme. Et si elles figurent dans le rapport européen, c’est que la procédure le prévoit.
Le document parlementaire rappelle aussi la position de l’ANSES, qui avait écrit, dès février 2016, que le niveau de cancérogénicité chez l’animal ne permet pas de classer le glyphosate en catégorie 1B. C’est d’ailleurs ce que répète le directeur de l’ANSES depuis. Le 18 mai sur Europe 1, il déclarait « Aujourd'hui, en France, il n'y a pas de risque sanitaire avec les produits à base de glyphosate, dont l'utilisation est strictement encadrée".
A sa lecture, le rapport donne du poids aux conclusions des agences et donc aux positions des agriculteurs et des scientifiques qui disent qu’il n’y a pas de raisons sanitaires objectives pour stopper l’utilisation du glyphosate. Mais, comme cela ne va pas dans le sens des positions dominantes, que les journalistes devraient aller à rebours de la version unique CIRC qu’ils ont relayée jusque-là, l’information n’a quasiment pas été reprise sur le fond dans la presse.
Une fois les passions, les excès d’une campagne électorale passée, les médias et les parlementaires qui ont commandé cette étude regarderont-ils le dossier, en faisant confiance aux agences et en cessant de les dénigrer ? Rien n’est moins sûr. Même s’il n’y a pas de raison sanitaire, le glyphosate va-t-il être interdit comme un symbole, sans se soucier des conséquences économiques, environnementales et sociales.
(1) L'Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques
(2) En audience le 8 juin 2018, la parlementaire française Angélique Delahaye avait obligé Christophe Potier à reconnaitre qu’il avait signé, deux semaines après le rapport CIRC, un contrat à 160 000 $ avec un groupe d’avocats qui attaque Monsanto.