Retour sur le film « On a 20 ans pour changer le monde » est diffusé, souvent accompagné de débat.
Avec la participation de Maxime de Rostolan créateur de la Ferme d'Avenir à la Bourdaisière à Montlouis sur Loire. Avec l'intervention de Nicolas Hulot, Xavier Mathias, des spécialistes de la permaculture.
Selon la bande annonce « 60 % des sols sont morts et la production actuelle ne nourrit pas la planète. » L’affirmation est surprenantes puisque toutes les études internationales disent qu’il serait possible de nourrir jusqu’à 9 milliards d’habitants. Elle affirme aussi que « des hommes et des femmes relèvent le défi et démontrent que l’on peut se passer de pesticides et intrants chimiques pour toute notre alimentation ». Le personnage central du documentaire est Maxime de Rostolan, le créateur de la Ferme d’Avenir à la Bourdaisière, à Montlouis. A sa création en 2013 l’objectif affiché était de produire suffisamment de légumes avec de nouvelles méthodes pour en vendre, en année 4 ou 5 pour 100 000 €/an et sortir 3 salaires.
La lecture des chiffres disponibles sur le site de l’association montre que, au mieux, en 4 ans, la vente représente 27 000 € et qu’il a fallu 8000 € de travail pour y parvenir (4,5 ETP). Soit, en situation économique réelle (coût minimum de la main d’œuvre permanente 15 €/h) un déficit annuel de 60 à 90 000 €. Ce sur 1,5 ha. « C’est un échec », comme l’avait admis l’intéressé lors d’une conférence mi-novembre 2017 à l’université de Tours.
Mais, malgré cela, surfant sur la vague médiatique, les promoteurs maintiennent leurs affirmations et proposent des formations à la permaculture et au métier de « payculteur » pour structurer le bio au niveau local (Ouest-France 17 mai 2018). Les professionnels n’ont pas attendu pour le faire. Ils doivent, eux, dégager un revenu direct du travail de la terre et non d’actions de formation ou de communication avec des soutiens publics et privés.
La note plus détaillée et ses sources sur le site de la Ferme d'Avenir est téléchargeable en bas de page.
Elle démontre que la permaculture pratiquée localement est un échec économique, mais aussi humain quand on comprend que les encadrants (dont Xavier Mathias) ne restent pas et qu'une partie du travail est réalisé par des stagiaires.
La permaculture reste, malgré tout, sans doute intéressante et formatrice pour les jardiniers amateurs, sans obligation économique.
La rédaction a analysé plus en détail les quelques chiffres publiés par Ferme d’Avenir sur le résultat économique et le temps de travail. Ils sont sans appel : Sous le titre provocateur : un travail à 1, 76 euros/heure, lire l'inventaire des questions avant le visionnage du documentaire (du "panégyrique", à la gloire des promoteurs de Ferme d'Avenir) et leurs réponses dans la version actualisée : à télécharger ici. On apprends que le passage au bio d'agriculteurs d'Indre et Loire ne s'est pas produits comme prédit dans le film.
Jean Yves Chauveau Pour Terre de Touraine